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Les épreuves pratiques du CAP Tournage en céramique requièrent évidemment de savoir tourner. Pour cela, rien de tel que de prendre des cours auprès d’une personne maitrisant la technique. Elle pourra vous apprendre les gestes et corriger votre posture. Cet article a donc pour objectif d’expliquer de manière plus détaillée que dans un e-mail : comment progresser en tournage ?
NB : Je réinsiste, dès que possible, je vous encourage à prendre des cours : vous pouvez vous entrainer seul, mais des leçons vous éviteront de prendre l’habitude de « mal » tourner.
Sachez que je donne des cours technologie céramique en visio. N’hésitez pas à me contacter (contact.calliceram@gmail.com) !
Le sens de rotation du tour dépend de votre préférence manuelle : droitier ou gaucher.
> Si vous êtes droitier, le sens de rotation doit être le sens inverse des aiguilles d’une montre (appelé sens trigonométrique, si vous êtes matheux).
> Si vous êtes gaucher, le tour doit tourner dans le sens des aiguilles d’une montre.
Pour changer le sens de rotation, abaissez la pédale et attendez bien que le tour ait fini de tourner (il y a parfois un son caractéristique lorsque le moteur s’arrête).
> Tout au long du tournage, veillez à garder la girelle propre. Cela vous permettra de mieux tenir les gestes.
> Le tournage n’est pas qu’une technique des paumes : tout le corps se met au service des mains. Votre buste doit être un peu penché en avant, les avant-bras appuyés sur le bord du bac, pour être le plus stable possible. Pour exercer un maximum de force (lorsqu’on s’entraine à tourner des pots plus gros), on peut même sentir que les cuisses serrent le tour.
> La consistance de la terre est importante : au début, on a tendance à utiliser de la terre trop molle, croyant que le tournage en sera facilité. Préférer une terre un peu plus ferme, qui tient mieux et ne se délite pas trop en barbotine au fur et à mesure du tournage.
Les gestes que je vais vous décrire sont ceux que j’ai appris il y a six ans, lorsque je commençais à tourner. Chaque professeur aura sans doute des gestes un peu différents, et les gestes que j’ai moi-même appris sont probablement un mélange entre les techniques des différents professeurs que cette professeur a eu ! Le tournage est comme une langue, avec ses nombreux dialectes, transmis par les professeurs à leurs élèves.
Lorsqu’on commence à tourner, il est primordial d’accepter de passer beaucoup de temps à apprendre à centrer la terre. En effet, seul un bon centrage permettra plus tard de faire des pots bien symétriques : un mauvais centrage ne pourra pas s’améliorer lors des étapes suivantes. Je me souviens que la première professeur avec qui j’ai tourné m’avait dit qu’en école de céramique, elle avait passé 8 heures par jour pendant plusieurs mois à apprendre uniquement à centrer ! Je me doutais bien que savoir centrer était important, mais l’entendre dit de cette manière m’avait marquée. Et cela m’a été utile lorsque j’ai voulu tourner des pots plus gros : je me souvenais de cette professeur me disant « Pas trop vite ! Entraine-toi d’abord à centrer ».
Voici donc les gestes :
On commence par pétrir la terre, en faisant une « tête de chien » ou « tête de bélier », dans un sens puis dans l’autre. Cela permet d’éliminer les bulles d’air contenues dans l’argile, ennemies du potier car risquent de faire éclater la pièce à la cuisson.
On tape la terre dans ses mains pour former une boule, et on la jette sur la girelle. Ça parait un peu violent, mais il faut réellement la jeter (doucement, quand même !), et pas la poser délicatement dessus. Cette technique permet une bonne fixation de la terre sur la girelle, grâce à un effet ventouse. Il faut ensuite bien appuyer lors de l’étape suivante, pour éviter la formation de bulles d’air.
Il s’agit de mettre ses mains en forme de papillon, comme si on voulait faire une colombe en ombres chinoises. Les pouces sont l’un sur l’autre (droitière, je mets le pouce droit sur le gauche), et les doigts d’une même main, serrés les uns contre les autres. Dans cette position, on appuie sur la terre avec la partie de la paume la plus proche du poignet, pour en faire une « galette » de plusieurs centimètres d’épaisseur (selon son poids), arrondie en bosse sur le dessus, et à peine plus large que la balle de terre initiale. Plutôt la forme d’un gâteau que d’une galette, donc ! Cette courte étape vise à chasser les bulles d’air de notre boule, et à homogénéiser la terre. C’est d’ailleurs le but de chacun des mouvements qu’on fait lors du centrage.
On ramène la terre vers le centre en utilisant principalement la partie de la paume proche du poignet, puis on compresse horizontalement avec la partie de la paume appelée « mont de la Lune » en chiromancie. Cela fera naturellement monter la terre en cône. Les mains accompagnent la terre, il ne sert à rien de monter les mains si la terre ne monte pas. Normalement, à la fin de cette étape, vous aurez un cône de terre d’environ 4 cm de diamètre (c’est à vous de trouver le diamètre qui vous permet d’être à l’aise lors de l’étape suivante).
Sans changer de position, vous êtes normalement en position « levier de vitesse » : vous saisissez ce cône comme si vous changiez de vitesse en voiture, avec la main droite, et vous posez votre main gauche par dessus. Surtout ne croisez pas les doigts des deux mains, elles doivent être l’une au-dessus de l’autre. Vos deux pouces reposent sur le sommet du cône. Après avoir légèrement diminué la vitesse du tour, descendez la terre, en élargissant l’ouverture de vos paumes pour s’adapter à la taille de la balle de terre qui se forme sous vos mains. Cette montée en cône a permis de faciliter le centrage, car on centre la terre au fur et à mesure, de haut en bas.
Vous avez maintenant une boule de terre centrée. Pour la suite, il vaut mieux qu’elle soit un peu bombée sur le dessus.
J’espère que toutes ces précisions vous donne envie de pratiquer … Peut-être avez-vous appris une méthode complètement différente (j’ai conscience que celle décrite ici est très scolaire), et sachez que les potiers expérimentés peuvent exécuter tous ces gestes en moins d’une minute. Rappelez-vous que tous les experts ont commencé par être débutants : rien d’insurmontable ! Ne vous découragez pas, et persévérez, même si le centrage est l’étape la plus ingrate lorsqu’on apprend à tourner. Courage !
Je vais maintenant vous proposer quelques exercices, si vous voulez vous entrainer. C’est à vous de trouver votre rythme de progression. Ce que je décris ici est un aperçu des étapes que j’ai franchies en tant que débutant.
Commencez par centrer une balle de 500 grammes de terre : assez grosse pour pouvoir être manipulée, mais pas trop, pour que vous vous concentriez sur le centrage et pas sur la force à mettre dans vos mains. Entrainez-vous, plusieurs fois, jusqu’à ce que vous soyez à l’aise. Vous pouvez en parallèle vous entrainer à creuser et à faire des petits pots.
Ensuite, vous pourrez centrer des masses plus importantes : 600-700 grammes. Lorsque vous en serez capable, vous saurez déjà sans doute faire la forme d’un pot. La forme à savoir faire est selon moi le cylindre, de différentes hauteurs : savoir monter un cylindre bien droit est la base de toutes les autres formes. Assurez-vous de savoir monter avec une épaisseur qui varie sans à-coups : vous pouvez le vérifier en coupant votre pièce avec un fil dans le sens de sa hauteur. Ensuite, vous pourrez former des bols, des carafes, et toute autre forme qui vous inspirera !
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