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« Partage ton pain : il diminue. Partage ta maison : elle ne diminue pas. Partage ta joie : elle augmente. » J’ai toujours vu ce proverbe chez mes grands-parents, et je le trouve très vrai, puisqu’il met en valeur le côté positif de la fraternité. Au premier abord, dans une économie toujours plus compétitive, on a tendance à penser que partager, c’est perdre. Quelle place a la fraternité en céramique au sein de notre communauté de potiers ?
Dans quelle mesure la communauté des potiers est-elle véritablement un espace de partage et d’entraide aujourd’hui ? Comment concilier fraternité en céramique et rentabilité financière, alors qu’il est difficile de vivre de sa profession ?
Historiquement, les potiers se sont rassemblés dans certains lieux : il y a ainsi en France de nombreux villages de potiers comme La Borne, Saint Amand-en-Puisaye ou Vallauris. Les réseaux sociaux permettent aujourd’hui de compléter ce système : les potiers amateurs ou pro peuvent se contacter très facilement entre eux. Facebook est particulièrement intéressant puisqu’il permet d’entrer dans des groupes en fonction de ses centres d’intérêt : la recherche d’un atelier, le raku, la recherche d’émaux … il y en a pour tous les goûts ! Des dizaines de posts sont publiés chaque jour, et on a donc rapidement une réponse aux questions que l’on peut se poser. Au fur et à mesure des commentaires des uns et des autres, il m’arrive même de tisser des liens avec une personne en particulier, si je remarque qu’on partage la même vision. Le partage et l’entraide sont donc les maîtres mots de ces groupes virtuels.
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Les ateliers libres et partagés sont apparus dans de nombreuses villes de France, et se développent particulièrement depuis le covid. Ce sont des espaces de travail mais aussi de vie, où les rencontres se produisent naturellement. On observe une personne en train d’utiliser une technique inconnue, alors on pose une question, on propose un café… Et c’est ainsi qu’un lien se tisse, de manière ponctuelle ou plus suivie.
La communauté céramique est constituée de profils tellement différents ! Il y a ceux qui suivent juste un cours d’initiation, pour passer un moment de qualité en couple ou prendre du temps avec l’un de leurs enfants. L’ambiance est alors très détendue, car les participants viennent avant tout pour faire une activité ensemble ! Dans les ateliers, on croise aussi des personnes pour qui la poterie est un hobby, qui sert à s’évader après sa journée de travail. C’est alors un lieu d’épanouissement dans lequel la créativité est mise à l’honneur. Enfin, on croise des personnes en reconversion professionnelle, parfois choisie suite à un mal-être : burn-out, quête de sens au travail, envie d’exercer un métier plus ancré dans la réalité, ennui après un passage à la retraite … Ce que j’aime dans les formations CAP, c’est qu’on trouve tous les âges, tous les profils, tous les milieux sociaux, et que tout ce petit monde a la même quête d’épanouissement ! Le doute ressenti par ces personnes en cours de reconversion les freine un peu au début, et le syndrome de l’imposteur n’est jamais bien loin, mais une fraternité se met généralement très vite en place entre les élèves car leurs histoires se croisent. A l’instant T, tous sont en train de sortir de leur chrysalide, et ce même état d’esprit favorise les rencontres !
La culture du secret est très présente chez les plus anciennes générations, ou chez ceux qui pratiquent des techniques complexes. L’idée selon laquelle « j’ai mis du temps à le développer, alors je ne vais pas tout partager aussi facilement au premier venu » est compréhensible : le développement d’une nouvelle technique permet de se démarquer de la concurrence, et représente un investissement. On peut par exemple citer l’art des émaux à macro cristallisations, pour lesquels la recherche est très complexe, tant sur la recette de l’émail que sur sa courbe de cuisson. Cette mentalité du secret est moins présente aux Etats-Unis, et on y trouve plus facilement des personnes prêtes à échanger sur leurs petits secrets de fabrication.
Les enjeux commerciaux représentent aussi un obstacle à la fraternité en céramique, puisque vivre de la poterie est difficile. Ceux qui font ce pari ont une vie chargée et ne craignent pas leur peine. Lorsqu’on est confronté à de nombreux challenges ou imprévus au quotidien, il est sans doute secondaire de répondre aux questions que se posent les internautes ! Régulièrement, des potiers partagent des commentaires ou conversations qui les ont heurté : lorsqu’on vient vous voir pour vous demander comment vous avez fait cette technique, dans la volonté de la reproduire ensuite chez soi, on peut comprendre que ce soit énervant ! Rappelons-nous que l’intention est souvent innocente, et que la personne n’a probablement pas pour objectif de nous piquer notre idée ! Il faut essayer de le voir comme une marque d’admiration, et répondre calmement qu’on préfère garder ce petit secret pour soi.
La volonté de protéger ses techniques ou recettes phares et celle de faire de la poterie un lieu d’échanges fraternels de rencontres se justifient tous les deux. Il faut commencer par reconnaître ces deux points de vue, sans jugement de valeur, et trouver le bon équilibre.
La montée des coopératives d’artisans, comme Minuit céramique, montre la force de la solidarité : la création de ce groupe permet de mieux diffuser les créations des artisans et d’accroître leur visibilité. Appartenir à une telle équipe est donc un enjeu de croissance ! On peut aussi imaginer de s’associer avec des artisans proches de chez soi, comme par exemple Justine Ribéra (@les_petites_porcelaines) qui vend des bougies dans ses contenants en porcelaine. Les partenariats avec des fleuristes pour communiquer sur ses vases, avec des restaurants pour mettre en valeur ses assiettes est aussi possible. Ce genre d’échanges basés sur le réseau sont prometteurs puisque chacun garde son savoir-faire propre dans une relation gagnant-gagnant. C’est un moyen de forger une meilleure fraternité en céramique.
Le secret n’est pas forcément gage de protection. C’est bien sûr une première barrière, mais un œil aiguisé ou une personne bien formée arrivera sans doute à déceler les secrets de fabrication rien qu’en regardant votre pièce. Ce qui vous distingue vraiment, ce n’est pas votre savoir-faire technique, puisqu’il est reproductible, mais votre créativité et votre vision. Les gens n’achètent pas votre pièce pour telle ou telle technique que vous avez développée dessus : ils achètent parce que votre pièce a éveillé en eux quelque chose de l’ordre de l’émotion. Une courbe qui sort de l’ordinaire, un dégradé qui fait voyager, une rugosité inattendue …
Pensons l’innovation technique comme un outil de partage, dans l’atteinte d’un objectif commun. Il y a tant à découvrir en poterie, et en même temps, qu’est-ce qui n’a pas déjà été exploré ?
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